THEME : De la responsabilité de l'Université dans le domaine de l'employabilité des jeunes diplômés : quelques idées reçues et contre-vérités à mettre en exergue
RetourAUTEUR : Mballa Elanga Edmond VII
Laboratoire des sciences de l’Homme et de la société Département de sociologie
RESUME
Cette communication ambitionne d’interroger la responsabilité de l'Université dans le domaine de l'employabilité des jeunes diplômés au Cameroun. En effet, il est communément admis que « le Cameroun demeure en proie au sous-emploi fondamentalement à cause l’inadéquation entre formation emploi et la qualité de la formation dispensée dans les universités. » Si cette adéquation est une variable à prendre en compte, elle n'est pas la seule et elle peut ne même pas être la plus fondamentale, au Cameroun. Il s’agit donc, dans cette analyse, d’encastrer la problématique de l’employabilité des jeunes dans un contexte beaucoup large (le fonctionnement global de la société). La réflexion s’appuiera, d’une part, sur les fondements explicatifs qui établissent une différence entre le chômage conjoncturel et le chômage structurel (Gautié, 2015) et, d’autre part, de s’intéresser à la place des connaissances universitaires dans la construction des sociétés (Boisadel, 2023). Il existe une différence entre le chômage conjoncturel et le chômage structurel. Le chômage conjoncturel est une conséquence du ralentissement temporaire de l'activité économique. Lors des phases de ralentissement, la consommation diminue, ce qui entraîne une baisse de la production et donc de la main-d'œuvre employée. Le chômage structurel quant-à-lui est lié à des évolutions démographiques, sociales, environnementales, politiques ou encore institutionnelles, auxquelles les acteurs du marché du travail doivent s'adapter. Pour lutter contre ces deux types de chômage, il faut savoir les distinguer afin de trouver les solutions idoines. Le chômage des diplômés de l'enseignement supérieur est davantage lié aux réalités structurelles de l'économie, de la situation sociale, politique, de la qualité des infrastructures, etc. Par exemple, certaines incertitudes politiques empêchent les grands groupes d'investir au Cameroun. Elles empêchent aussi la mobilisation des investissements directs étrangers. Les investisseurs peuvent composer avec les risques, qu'ils peuvent « calculer », mais n'aiment pas les incertitudes. Autres exemples : la corruption, le laxisme de l'administration, la qualité de la justice sont aussi des variables à prendre en compte. Elles impactent lourdement les activités du secteur privé (principal employeur dans tous les pays). Par ailleurs, dans un monde où l'on valorise les compétences au détriment des connaissances l'Université ne peut que peiner à trouver sa place. La connaissance s'applique aux savoirs théoriques et techniques qui s'acquièrent par formation, expérience professionnelle ou extra-professionnelle. La compétence ajoute une dimension pratique, l'habileté de mise en œuvre des connaissances en une situation bien spécifique.) Dans beaucoup de pays, les recruteurs se tournent plus naturellement vers les diplômés des grandes écoles (des écoles de formation), qu'ils connaissent mieux, tandis que les universités ont des difficultés à identifier et à faire valoir les atouts de leurs diplômés dans le monde de l'entreprise. C'est une problématique mondiale, consécutive à la valorisation du savoir comme un « atout dans le milieu de l'entreprise » et de moins en moins comme un outil « indispensable pour l'avenir des sociétés. »
MOTS CLES
employabilité, diplômés, chômage structurel, chômage conjoncturel, université, Cameroun.