THEME : QUE DEVIENNENT LES PROJETS ACADEMIQUES EN INGENIEURIE APRES LEUR SOUTENANCE ? SOCIOLOGIE D’UN GACHIS.
RetourAUTEUR : Yves Dieudonné BAPES BA BAPES
Université de Douala, Département de Science de l'éducation de l'ENSET de DOUALA
RESUME
La présente contribution est une tentative de décryptage du contexte qui préside à l’abandon quasi systématique des réalisations académiques en ingénierie après qu’elles aient été soutenues par les étudiants en fin de formation. Cet abandon tient sa paradoxalité du fait que les réalisations académiques en question constituent très souvent des solutions avérées à des contraintes que rencontrent les acteurs économiques de différents secteurs d’activités, tout ceci dans un cadre institutionnel qui fait de la recherche scientifique un instrument d’appui au développement. Dès lors, comment ce qui peut être qualifié à juste titre de gâchis peut-il être compris ? Sur la base d’une préenquête opérée au sein de deux grandes écoles de l’université de Douala nous avons avancé la proposition de recherche selon laquelle, dans une situation de précarité systémique les logiques d’actions autour de ces travaux sont plus de l’ordre de la diplomation que de l’innovation. Pour rendre intelligible ce phénomène, un dispositif de recherche qualitatif a été mis en place, car il est apparu nécessaire de récolter des récits retraçant les parcours de recherche qui portent les normes pratiques des chercheurs (étudiants et encadreurs), mais également celles des administrations dans les mésocosmes universitaires camerounais. Sur le plan de la méthode, une stratégie de recherche fondée sur l’étude de cas a été mobilisée, la critériologie du cas reposant ici sur un parcours de recherche à fort potentiel innovant, mais n’ayant abouti à aucune valorisation. Pour meubler cette stratégie, l’entretien semi-directif et le recueil des données documentaires ont servi d’instruments de collecte des données auprès d’enseignants et d’étudiants d’ores et déjà diplômés. Ensuite, une analyse de contenu de vérification des catégories d’analyses préalablement définies, sans se fermer aux éventuelles catégories inconnues qui s’imposeraient, a été actionnée. La recherche assume de facto une démarche inductivo-hypothético-déductive dans une recherche qualitative. Enfin, les données récoltés et analysées ont donné lieu à une lecture qui fait la part belle au syncrétisme et notamment à la théorie des logiques d’action de Philippe Bernoux. En effet, les résultats provisoires montrent que ce qui se joue autour de ce gâchis est de l’ordre d’une concaténation de logiques d’action, celle-ci laissant apparaitre une culture institutionnelle prédominée par l’enseignement, des obstacles majeurs de traduction des travaux académiques en innovations et des stratégies d’acteurs (enseignants et étudiants) tournées vers la quête du grade supérieur et de la salarisation.
MOTS CLES
Projets académiques, ingénierie, gâchis, logiques d’action.